👉 La nouvelle stratégie du Washington Post résonne particulièrement avec mes réflexions actuelles sur l'évolution du personal branding dans les médias.
Alors que le journal très controversé de Jeff Bezos réduit ses effectifs de 4 %, il mise gros sur une “𝗦𝘁𝗮𝗿 𝗧𝗮𝗹𝗲𝗻𝘁 𝗨𝗻𝗶𝘁” : une équipe spécialement créée pour transformer certains journalistes en véritables influenceurs, capables d’incarner l’information, de capter l’attention et de bâtir une communauté engagée autour de leur contenu.
Pourquoi ce virage ? Parce que le paysage médiatique est devenu un champ de bataille. D’un côté, les influenceurs raflent la mise avec leurs contenus personnalisés et leur authenticité (ou du moins, ce qu’ils en montrent). De l’autre, les algorithmes transforment l’information en produit standardisé, rendant certains médias presque interchangeables, quand ce n’est pas une certaine défiance envers les titres qui fait fuir les lecteurs.
Alors, le Washington Post (en grande perte de vitesse) s’inspire des influenceurs pour rester dans la course.
Soyons honnêtes : ce modèle interroge. En misant sur des personnalités fortes, les médias risquent-ils de fragiliser leur identité collective ou de réduire l’information à un produit marketing ? Ou, au contraire, est-ce une manière de reconnecter avec un public en quête de personnalités qui lui inspirent confiance et crédibilité ?
En France, certains journalistes utilisent les réseaux sociaux et la communication avec une efficacité remarquable. HugoDécrypte, par exemple, adapte l’information aux codes des plateformes pour toucher une audience jeune et engagée, tandis que Samuel Étienne réinvente le lien avec son public via Twitch. Hugo Clément, lui, incarne une hybridation plutôt réussie entre journalisme et influence, mobilisant des millions d’abonnés autour de causes environnementales. Fabrice Arfi incarne un autre modèle : chez Mediapart, il donne un visage fort à ses enquêtes tout en restant fidèle à la rigueur et au travail collectif.
Cependant, institutionnaliser cette logique d’incarnation en adoptant les codes des influenceurs, comme le fait le Washington Post avec sa "Star Talent Unit", comporte des risques. Cela pourrait fragiliser le travail collectif des rédactions et brouiller la mission première du journaliste : partager les faits, non influencer.
Le "Star Talent Unit" : coup de génie ou dérive ? Je suis curieuse d’avoir vos avis.